Abri du projecteur
Cette rubrique est en 2 parties.
La première concerne spécifiquement le projecteur et ses constructions annexes au niveau du bois Fumin.
La seconde vous renvoie vers le manuel technique et tactique : "Les projecteurs de campagne" de Gaston Breton écrit en 1917, si vous souhaitez vraiment en savoir plus sur les projecteurs de campagne : 367 pages sur le sujet des projecteurs en 14/18.
Technique : le manuel détaille la conception, les différents modèles, portées, puissances, type d'énergie et le fonctionnement des projecteurs.
Tactique : explications de l'utilisation en situation de guerre d'un projecteur.
1 - LE PROJECTEUR DU BOIS FUMIN
Localisation
Le projecteur optique du bois Fumin est positionné à quelques dizaines de mètres de la crête de la croupe, à environ 60 mètres à l'ouest de DV3.
L'abri du projecteur représenté sur les cartes et canevas de tir
(source : JMO 28e Brigade - avril - mai 1916)
Plan du projecteur
Source d'étude de cette rubrique : 2 plans du SDH (Services Historiques de la Défense) intitulés :
" Projecteur de Fumin - Abris de jour et de combat - Plan d'ensemble" 1/100ème
" Projecteur de Fumin - Bâtiment central - Plan" 1/100ème
Ci-dessous : Plan reconstitué à partir du plan d'époque
Le projecteur optique est accompagné de plusieurs installations annexes :
1 - L'abri de jour (position protégée du projecteur durant la journée)
2 - L'abri de combat (position avancée et à découvert du projecteur en fonctionnement la nuit)
3 - Les rails reliant l'abri de jour à l'abri de combat
4 - L'abri du moteur du projecteur = Bâtiment protégeant le générateur = Centrale (dans le ravin des Fontaines)
(source pour réaliser montage : extrait photo aérienne J.L.Kaluzko)
1 - L'abri de jour - dans lequel le projecteur est abrité des bombardements ennemis durant la journée.
Dimensions : Dalle = 3x3 m épaisseur dalle = 0,50 cm
Largeur porte = 1,50 m
Hauteur abri = environ 2,30 m
Notez le couvercle de protection positionné sur la lentille
La nuit, l'abri de jour est vide
Les murs bétonés et la dalle affaissée de l'abri de jour sont encore visibles de nos jours.
(source : Pascal - Silent_Knight - Forum pages 14/18)
L'abri de jour est recouvert d'un terrassement protecteur en terre et rocaille le protégeant ainsi des tirs ennemis.
Dans la région de Verdun, subsistent des vestiges d'abris du type : "Abri de jour". Certains sont encore en état.
Abris du projecteur d'Eix-Moulainville - Mardi Gras
(source : Hervé Toulotte - bethune73ri@canalblog.com)
2 - L'abri de combat = Position de nuit lorsque le projecteur est sorti pour éclairer la zone de combat.
Il est fait d'une simple levée de terre + sacs de terre - pas de construction en dur.
L'abri de combat et le projecteur sont à découvert pour pouvoir éclairer sur un grand rayon d'action.
(en bleu la lisière de l'ancienne forêt).
La photo suivante n'est pas l'abri de combat du bois Fumin mais il donne une idée de ce à quoi pouvait ressembler ce type d'abri ( source : internet- essai projecteur guerre du Rif)
Quelques vues nocturnes 3D de l'abri de combat ...
Imaginons la puissance d'un projecteur dans la nuit.
Sur les vues aériennes d'époque, la partie "Abri de combat" forme très nettement une sorte "d'ampoule"
3 - Les rails en forme de J inversé (environ 35 m) relient l'abri de jour à l'abri de combat, ces rails permettent au projecteur d'être mobile entre les deux abris et de se voir "replié" rapidement en cas de bombardement dirigé contre lui.
Projecteur mobile sur rails
4 - Le bâtiment "abri du moteur" = centrale génératrice d'énergie (éléctrique ou acétylénique)
Ce batiment est situé à environ 200 mètres du projecteur, en contrebas dans le ravin des Fontaines. C'est un bâtiment d'allure allongée (16,50 x 5 m) composé de 4 pièces dont une de plus de 5 m de long contenant des socles pour le(s) générateur(s).
Situé à proximité, un autre bâtiment de taille plus modeste, de forme carrée, il devait correspondre aux latrines et aux cuisines.
(source : GallicaTitre : Les signaux électriques : historique de l'art des signaux, les signaux électriques sonores, les appareils d'appel, installation des réseaux de sonneries et tableaux indicateurs... / par H. de Graffigny)
L'étude du plan de la centrale (plan du SHD) autorise la constatation suivante : y a de grandes correspondances entre la centrale du projecteur de Fumin et la centrale encore existante du projecteur du Mardi Gras (près de Tavanne)
(source : Alain Césarini - Acésar Forum Pages 14/48)
Il est à noter dans le JMO de la 27ème Brigade (25 février), l'utilisation pour évoquer la centrale génératrice, de l'expression " Abri du moteur DES projecteurs".
Ce qui pourrait signifier que ce bâtiment abritait un générateur alimentant plusieurs projecteurs...
La suite n'est que suppositions : projecteurs situés à Vaux-Chapître ? à R4 ? il y aurait-il deux projecteurs dans le bois Fumin ?
Sur la carte suivante, se trouve 2 fois le même symbole : un arc de cercle fermé symbolisant une lampe de projecteur. Emplacement d'un second projecteur ?
En pointillés sur le canevas : un "trajet" semblant relier le bâtiment du générateur au poste optique du projecteur.
Par la suite, la centrale génératrice fut bombardée et à été détruite (entre le 25 juillet et le 23 août 1916).
Ruines des 2 bâtiments de la centrale :
Avant 1916 : l'abri du projecteur en bordure de forêt
Paradoxe de l'art de la dissimulation... la position du projecteur est facilement repérable sur les canevas de tir, par ce qui devait en principe le masquer de l'observation ennemie : un décroché anguleux de la lisière de la forêt.
Cette forêt jusqu'en 1916 recouvrait la moitié Sud de la croupe du bois Fumin.
Ce décroché de lisière dissimulait de la vue la partie "Abri de jour" + Rails, ces derniers ammenant le projecteur en bordure de forêt (en bleue) au niveau de l'abri de combat, à découvert.
Quelques vues virtuelles de l'abri dans la forêt avant 1916...
Comparaison "virtuelle" de l'abri du projecteur selon les époques ...
avant 1916
en 1916
aujourd'hui ...
De DV3, s'amorce un boyau vers l'ouest en direction du Ravin des Fontaines (prolongement de la tranchée de Frizlar), celui ci contourne très nettement par le sud l'abri du projecteur, en faisant un arrondi (pointillés blancs).
Cet arrondi apparait également sur une carte allemande de novembre 1916
Quelques confusions d'appellations dans les JMO
Lors de la lecture des nombreux JMO faisant référence à l'abri du projecteur, les imprécisons de dénominations sur ce dernier ne facilitent pas la compréhension des mouvements et positionnements des troupes qui ont été à sa proximité.
L'abri de combat DV3 situé à quelques dizaines de mètres du projecteur est régulièrement nommé confusément dans les JMO " Abri du projecteur".
Parle-t-on alors du véritable abri du projecteur ou de la redoute DV3 ?
Cette confusion peut s'interpréter par le fait que DV3 étant l'élément le plus important et apparent de la croupe, tout ce qui était à sa proximité lui était apparenté et formait ainsi un ensemble : Redoute DV3 + projecteur = "Abri du projecteur".
Dans certains JMO, DV3 n'est jamais mentionné sous sa véritable appelation " DV3 ou Redoute", seul le nom de "Abri du projecteur" apparait.
Deux cartes où DV3 est appelé " Abri du projecteur".
Pour aider à la compréhension, le "vrai DV3" se trouve dans l'aboutissement du boyau de l'Etang, visible sur les 2 cartes. Le "vrai" abri du projecteur étant lui à gauche de l'arrivée de ce boyau.
Rôle du projecteur optique : Eclairage des différents débouchés des ravins de Vaux.
Vu l'ampleur des installations annexes (de protection et d'alimentation),
vu l'existence de rails dont la présence ne peut être due qu'à un poids élevé à déplacer régulièrement,
vu que les postes optiques de communication sont des installations "légères", transportables par des soldats, à dos de mulets, automobiles ou charettes ...
j'en conclus que le projecteur du bois Fumin n'est pas à l'origine un simple poste optique de communication mais un poste important destiné à l'éclairage.
Eclairage pour :
- Dissuader l'assaillant d'engager une attaque
- Repérages individuel d'hommes embusqués ou de mouvements de troupes
- Eclairer le champs de bataille lors d'une attaque engagée
- Permettre à l'artillerie de visualiser les points d'impact des obus tirés et faire ses réglages
(source : GallicaTitre : Les signaux électriques : historique de l'art des signaux, les signaux électriques sonores, les appareils d'appel, installation des réseaux de sonneries et tableaux indicateurs... / par H. de Graffigny..)
L'éclairage devait être bref car sa source facilement repérable par l'ennemi faisait l'objet d'un bombardement immédiat pour tenter de l'anéantir.
Malgré ce que la théorie des manuels pouvait dire quelques années plus tôt...
(source : GallicaTitre : Les signaux électriques : historique de l'art des signaux, les signaux électriques sonores, les appareils d'appel, installation des réseaux de sonneries et tableaux indicateurs... / par H. de Graffigny..)
On peut se poser les questions suivantes : quelle était la puissance du projecteur et donc sa portée? de quel diamètre était-il ? Qu'éclairait il réellement ?
Pour qu'il soit mobile et que des rails soient nécessaires à son déplacement, on peut supposer qu'il devait faire un poid très conséquent ne permettant pas un transport à bras d'hommes ou par chariot.
Zone d'éclairage :
A son origine, la projecteur se situait en lisière de forêt, qui lui masquait donc toute la partie "Ravin des Fontaines" à sa gauche.
Son flanc d'éclairage gauche était dans l'axe du déboisé vers DV2 - Douaumont.
Toujours est-il que ce projecteur devait être de forte puissance pour éclairer les embouchures et enfilades des ravins situés en contre bas de la croupe du bois Fumin
de gauche à droite : débouché Ravin de Bazil - Ravin de la Fausse côte - Etang de Vaux -Saillant d'Hardaumont - Ouest village de Vaux et peut être même jusqu'au Ravin des grands Houyers
- Fonctionnement du projecteur
Photo électrique ? ou oxyacétylénique ?
S'il s'agit d'un projecteur acéthylènique, les besoins en eau pouvaient être assurés par la source située dans le ravin des Fontaines, près du bâtiment "Abri du moteur du projecteur" = Centrale génératrice.
Mais les projecteurs acétyléniques sont connus pour être de moins grande puissance que les projecteurs photoélectriques et vu la portée réclamée par l'éclairage de toutes les embouchures des ravins, il semble probable que seul un projecteur photoélectrique puisse apporter cette puissance.
La centrale dans le ravin des Fontaines possède des socles en béton où devaient se trouver le ou les moteur(s) générateur(s) d'électricité.
(photos suivantes : exemple de générateurs montés sur dalles béton)
L'abri du projecteur dans les JMO
9 avril 1916 - JMO de la 11e Brigade (24e et 28e RI)
L'abri du projecteur aujourd'hui...
(source des six photos suivantes : avec l'aimable autorisation de Pascal - Silent_Knight - Forum pages 14/18)
vue de face (DV3 est à droite) = entrée des rails dans l'abri. La dalle est affaissée sur le mur côté gauche
vestiges de la porte en tôle et des gonds ...
vue de l'arrière (DV3 est à gauche)
côté Est
Intérieur
(vue depuis l'arrière vers la sortie des rails)
2 - LE MANUEL TECHNIQUE ET TACTIQUE DES PROJECTEURS DE CAMPAGNE DURANT LA 1ère GM
Table des matières