PRESENTATION : ce blog est en deux parties.
1 - LES LIEUX ET LES OUVRAGES
Exposé sur les différents secteurs du bois Fumin, les reliefs et les aménagements qui le composent, les ouvrages de défense, les tranchées, les boyaux etc.
Présentation réalisée à partir de :
- documents d'époque : photographies françaises et allemandes, cartes et canevas de tir, plans d'étude, photographies aériennes et films d'archive.
- documents actuels : photographies actuelles, cartes IGN, vues géoportail, films d'animation et modélisations 3D.
2 - çA S'EST PASSé DANS LE BOIS FUMIN
A l'instar du JMO, j'ai imaginé un " JDE "
Journal Des Evènements.
Le JDE fait la narration jour par jour, des évènements qui se sont déroulés dans le bois Fumin, de février 1916 à décembre 1916.
Il s'agit des évènements vécus par tous les régiments confondus, à partir du moment où ils ont séjourné, même pour une brêve période, dans le bois Fumin. Plus d'une soixantaine de régiments français sont passés par le Bois Fumin, de quelques jours à plusieurs semaines.
Différence entre JMO et JDE
Le JMO (Journal des Marches et Opérations) retrace l'historique d'un régiment spécifique en fonction de ses déplacements et stationnements, suivant une chronologie de dates.
Le JMO répond par ordre aux questions : QUI - QUAND - Où - QUOI ?
Le JDE répond par ordre aux questions : Où (le bois Fumin) - QUAND - QUI - QUOI ?
Le JDE du bois Fumin retrace donc tout ce qui s'est passé dans ce lieu, jour après jour, il recoupe les faits et les évènements vécus par plusieurs régiments.
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Toutes les informations que vous trouverez dans ce blog, sont issues de mes lectures d'ouvrages historiques, de consultations sur des sites internet spécialisés ainsi que des blogs, de recherches collégiales sur des forums, de la lecture de JMO et de la consultation de documents appartenant à des collections privées.
Au travers de ce blog, je ne reprends rien à mon compte, nulle prétention de ma part de devenir " l'historien du bois Fumin ". Il s'agit simplement du "plaisir du partage" d'un passionné à l'attention d'autres passionnés.
C'est aussi la volonté de centraliser une grande masse d'informations issues :
- de mes recherches sur le bois Fumin réalisées depuis plusieurs années
- des informations déjà connues et existantes, relatives aux évènements qui se sont déroulés dans le bois Fumin durant l'année 1916, tant du côté français qu'allemand.
Ces recherches sont ici présentées avec l'aimable autorisation de leurs auteurs.
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L'histoire n'étant pas une science exacte et le livre "final" sur le bois Fumin n’étant pas encore écrit, mon travail dans ce blog aura toujours la volonté de se faire au plus proche de la vérité et mes descriptions seront aussi précises que le permettent mes connaissances.
Toutefois, si des noms, des faits, des dates, des photographies vous paraissaient être des approximations historiques, je m'engage, à votre demande, à approfondir et vérifier l'exactitude de mes sources.
J'espère qu'ici, vous apprendrez des choses...
Bonne lecture !
Patrick
Localisation du bois Fumin
Coordonnées géogaphiques : N 49° 12' 12'' E 05° 27' 36"
à 7 kms à vol d'oiseau au Nord Est de Verdun (Meuse 55)
source Google Earth 2011
Autour du bois Fumin se trouvent :
à l'est : le Fort de Vaux (environ 400m)
au nord : l'Etang de Vaux et village de Vaux-devant-Damloup
à l'ouest : le Ravin des Fontaines et le Bois de Vaux-Chapître
au sud : le Nez de Souville et le bois de la Vaux-régnier
(source : canevas de tir Douaumont (Etain) 3 juin 1916 - collection privée)
(source : Géoportail)
Un survol virtuel du bois Fumin...
(source : montage vidéo réalisé avec Google Earth)
Repérage terrain : En jaune : le sentier rectiligne actuel qui mène du chemin de la Vaux-régnier vers l'étang de Vaux en coupant les pentes abruptes du ravin du bois Fumin.
Ce sentier n'existait pas en 1916, la descente démarre en pente douce avec :
- au départ sur sa gauche le retranchement R1
- sur sa droite le glacis du fort de Vaux vers le village de Vaux
- il passe ensuite en bordure de R3 dans la remontée (sur sa gauche), avant d'aboutir face à l'étang de Vaux.
(source : collection personnelle)
(source : collection personnelle)
La place du bois Fumin dans le champ de bataille de Verdun
au sein de la grande ceinture de défense de Verdun
Les grandes fortifications
Les abris de combats (abris d'infanterie) situés dans les intervalles entre les forts
(source : DV3 - prêt de Philippe Vandeweege)
Le rôle des abris de combats est de combler les intervalles non défendus entre les forts.
(source : Erich kassing 2003 + complément de l'auteur du blog)
Il y a un intervalle d'environ 3000 mètres entre le fort de Douaumont et le fort de Vaux, dans lequel se trouvent 4 abris d'infanterie qui forment à leur tour 5 intervalles plus réduits et donc plus facilement défendables.
Fort Douaumont - 400 m DV1 - 800 m DV2 - 800 m DV3 - 400 m DV4 - 500 m Fort de Vaux
Les abris d'infanterie sont numérotés et nommés par deux initiales qui correspondent aux premières lettres des forts situés de part et d'autre de l'abri.
DV nous indique que l'abri se trouve entre Douaumont et Vaux.
Deux de ces abris de combats se situent au niveau du bois Fumin: DV3 et DV4.
Fort de Douaumont - DV1 - DV2 - DV3 - DV4 -Fort de Vaux
DV4 est l'abri le plus proche du fort de Vaux
Les différents secteurs du bois Fumin
A la lecture des différents JMO, le bois Fumin est un sous-secteur bien délimité, y sont particulièrement mentionnés 8 secteurs bien différenciés que l'on peut distinguer en :
1 - la croupe cernée de part et d'autre par 2 ravins
(ravin des Fontaines - ravin du Bois Fumin)
2 - le Ravin du bois Fumin avec ses deux versants :
2- sa pente Ouest (où se trouvent les sappes allemandes : stollens)
3- sa pente Est (avec un réseau important de tranchées situées entre le village et le fort, sur le "glacis" de Vaux = pente douce descendant vers le village de Vaux)
4 - le Ravin des Fontaines bordant la partie gauche de la croupe
Au nord de la croupe
5 - l'étang de Vaux
6 - Le village de Vaux-devant-Damloup
Au sud de la croupe :
7 - le ravin des abris
8 - la petite et la grande carrière - batterie 4090
Observation aérienne
mars 1916
(prêt de J.L. Kaluzko)
8 mars 1916
vue oblique (allemande) sur le secteur du fort de Vaux (au centre)
(source : collection personnelle)
photographie aérienne allemande (non datée mais sans doute fin mars/avril 16)
(source : collection privée)
2 avril 1916
village de Vaux-devant-Damloup (partie ouest du village)
altitude : 1800 m
(source : collection personnelle)
1er mai 1916
village de Vaux-devant-Damloup
altitude : 1500 m
(source : ami allemand de Patrice Pruniaux - forum pages 14 18)
photographie aérienne allemande
AFA 207 20 mai 1916
(source : collection personnelle)
25 juillet 1916
altitude : 3000 m
(source : collection personnelle)
29 juillet 1916
altitude : 3600 m
(source : collection personnelle)
31 juillet 1916
altitude 1000 m
(source : collection personnelle)
4 août 1916
altitude : 2000 m
(source : collection personnelle)
23 août 1916
altitude : 2500 m
(source : collection personnelle)
6 septembre 1916
altitude : 4000 m
(source : avec l'aimable autorisation de Peter Sauter)
8 septembre 1916 - Grande et petite carrières
altitude : 2000 m
(source : collection personnelle)
14 septembre 1916
altitude : 2000 m
(source : collection personnelle)
14 septembre 1916 (même mission que photo précédente)
altitude 2000 m
(source : collection personnelle)
24 septembre 1916
altitude : 2300 m
(source : collection personnelle)
24 septembre 1916 (bois Fumin sur la droite)
altitude : 3000 m
(source : avec l'aimable autorisation de Peter Sauter)
Vue aérienne allemande tirée de l'historique de la 21 Réserve Division.
(source : J.L.Kaluzko)
3 novembre 1916
vue oblique
photographié le lendemain de la reprise du bois Fumin par les troupes Françaises.
(source Gallica- achat personnel)
16 novembre 1916
altitude : 1600 m
(collection personnelle)
17 novembre 1916 (photo allemande)
altitude : environ 4000 m
(source : collection personnelle)
Le bois Fumin sous la neige...
(source : avec l'autorisation de Marcus MASSING - Verdunschlacht.net)
Photo aérienne allemande 1940
24 ans après...R3, la pente ouest de du ravin et les 2 carrières apparaissent encore sans couvert végétal.
Vue aérienne de l'IGN (1951)
La végétation n'est pas aussi abondante qu'aujourd'hui, le chemin actuel menant du sentier de la Vaux-régnier à l'étang de Vaux existe déjà, mais les grand résineux sur la droite de ce chemin n'apparaissent pas encore sur cette photo aérienne.
Notez que toute la zone de R3 est en 1951 non arborée.
(source : acquisition personnelle IGN)
Une carte du bois Fumin passée à la loupe
Redessinons étape par étape la carte du bois Fumin.
Le ravin des Fontaines - l'étang de Vaux - la route de l'étang vers le village - Vaux-devant-Damloup - chemin de la Vaux-Régnier
Le Ravin des abris (en haut du nez de Souville) - les carrières - le Ravin du bois Fumin
Les retranchements R3 - R2 - R1
Les abris de combats DV3 et DV4
Les zones boisées
Le bois Fumin, comme son nom l'indique, était une zone boisée jusqu'en 1915 et bien qu'à partir de 1916 les seules traces de forêts subsistantes n'étaient guère constituées que par des centaines de troncs déchiquetés et calcinés jonchant un paysage lunaire, les canevas de tir, calqués sur d'anciennes matrices d'avant guerre, indiquaient encore en 1916 les zones anciennement boisées.
Un déboisé militaire, permettant une jonction visuelle entre les forts de Vaux-Souville et Vaux-Douaumont, à mis à nue toute la partie Nord-Est du bois Fumin.
Dans le ravin, le versant Est et le haut du col restent boisés.
Les abris de combats ( DV3 et DV4) sont en lisière de forêt, sous couvert d'arbres et sont donc masqués d'un repérage ennemi trop aisé.
Les 3 retranchements R1 - R2 - R3 sont à découvert.
5 sentiers et chemins (en rouge) traversent le bois Fumin :
1 - accès depuis le ravin des Fontaines (source /réservoir) vers la lisière de la croupe du bois Fumin
2 - chemin sous couvert d'arbres, dans le prolongement du ravin des abris, il permet le passage du ravin des Fontaines vers le sentier de la vaux-Régnier et les carrières.
3 - accès sous couvert d'arbres vers DV3 et la lisière de la zone boisée, depuis le ravin des abris.
4 -chemin permettant l'accès à R2 et R3 ainsi qu'à la partie Ouest du village.
5 - "le chemin creux" accès vers R1 / DV4 et le centre du village.
Certaines futures tranchées ou boyaux suivront par la suite, lors de leur construction, les contours de ces chemins.
Quelques autres éléments pour compléter la carte :
Le ruisseau de vaux
La digue de l'étang
L'abri du projecteur
Les 2 batiments du réservoir/source
Le poste de secours - stollens devant l'étang
Le retranchement 4497
Les stollens creusés dans sur le versant Ouest du ravin Fumin face à DV4
En bordure Sud du bois Fumin se trouve :
la Batterie 4090
la Batterie 4691
le PC Fumin
les abris du "ravin des abris"
Film : reconstitution du canevas de tir du bois Fumin
Les repères Hectométriques
Sur les canevas de tir sont reportées les positions d'objectifs potentiels indiquées par des repères hectométriques.
Ces repères avaient pour finalité de :
- se positionner
- régler un tir sur un point ou par rapport à un point.
Pour les artilleurs, les coordonnées hectométriques correspondaient à des réglages de pièces.
Un repère hectométrique est un nombre à 4 chiffres : 4423
Sur un canevas de tir il est donc possible de baptiser n'importe quel point en utilisant les numérotations en abcisse (axe horizontal) et en ordonnée (axe vertical). Ce sont les coordonnées métriques.
(c'est comme à la bataille navale ou dans les mots croisés : chaque point à une "adresse géographique" qui est déterminée par l'intersection de la projection verticale d'une position depuis un axe horizontal (7) et de la projection horizontale d'une position depuis un axe vertical (2).
Pour ce faire, les canevas de tir sont équipés d'un quadrillage (Lambert pour la France en 1914/1918)
En bordure de canevas sont indiqués les références du quadrillage 272 - 336
Les chiffres des centaines ne sont pas indiqués sur le reste du quadrillage.
Par défaut 32 - 33 - 34 - 35 signifient 332 - 333 - 334 - 335
idem 69 - 70 - 71 signifient 269 - 270 - 271
Chaque cadre représente 1000 m x 1000 m de côté = 1km²
Il peut être lui même re-subdivisé en 10 x 10 petits cadres ( 100 m x 100 m de côté) (qui donnera une position encore plus précise d'un point dans le grand cadre = chiffre après la virgule)
Un point aura donc en coordonnées métriques 2 valeurs pour le repérer :
une abcisse (axe horizontal) 334,2 et une ordonnée (axe vertical) 269,6
Pour ne pas surcharger les canevas et par soucis de simplification, les coordonnées "métriques" sont transformées en coordonnées "hectométriques" ( hecto =multiple de 100) , ainsi seuls les deux derniers chiffres seront indiqués.
334,2 269,6 (métrique)
42 96 (hectométrique)
En observant bien les valeurs hectométriques dans un même cadre, plus on va vers la droite plus le dernier chiffre se rapproche de 9 et plus on va vers le haut du cadre plus ce chiffre se rapproche aussi de 9.
La superficie entière du bois Fumin s'intègre dans 2 cadres.
abcisse : 333 - 334 - 335
ordonnées : 269 - 270
Film : Les repères hectométriques de DV3 = 4296 et DV4 = 4595
Les repères à 3 chiffres
(d'après les aimables explications de Guy François / Forum Pages 14-18)
Un certain nombre de repères à 3 chiffres sont présents sur le canevas
Il s'agit de séries de nombres qui généralement se suivent sur quelques unités.
Ces chiffres sont le résultat des restitutions des points remarquables réalisées par le Groupe de Canevas de Tir qui opère à partir de relevés d'observatoires, de photographies aériennes, renseignements divers, etc.
L'observateur découvre une nouvelle tranchée, il le signale et c'est le Groupe des Canevas de Tir qui lui attribue un numéro.
"Manuel de l'Officier Orienteur d'Artillerie", édition février 1917
"Cours des Officiers Orienteurs de l'Artillerie", édition de novembre 1916
Un "point remarquable" pouvait être :
- une extrémité de tranchée
- un noeud/croisement de tranchées
- un simple changement de direction d'un tranchée
- une tranchée complète
Les tranchées nouvelles ou les points remarquables reçoivent des numéros figurant sur des documents spéciaux établis par les Groupe de Canevas de Tir = les REPERTOIRES (répertoires des batteries, répertoires des tranchées, des travaux de l'ennemi, etc.)
La logique de la numérotation n'est pas connue mais il est probable que des tranches de numéros sont réservées pour un secteur donné, peut-être un carré du quadrillage.
Série de chiffres continus attribué à une zone
Cette logique du choix des numéros est surtout dictée par la chronologie des restitutions et des modifications incessantes apportées au canevas, surtout dans des "zones agitées" comme Verdun!
Ainsi on trouvera des séries de chiffres "éloignés" pour des "zones proches".
Pour l'artillerie, ce sont les officiers orienteurs, commandants de batterie qui sont destinataires des documents répertoires qui fournissent la clé explicative de ces numéros.
Ces répertoires fournissent les données topographiques et "historiques" du point remarquable.
Données topographiques : ce sont les repères hectométriques permettant de régler les pièces d'artillerie + dans des documents annexes des études sur les coupes de terrain, croquis panoramiques, croquis perspectifs, schémas des parties vues et cachées
Données historiques : tels que :
- emplacement de batterie construit le...
- emplacement occupé du...au...
- emplacement actif les... et ...
- emplacement inoccupé depuis le...
etc.
Pour une tranchée, les renseignements seront succincts : "Creusée le ..., travaux en cours le..."
Aux utilisateurs, orienteurs d'artillerie et de groupe de se servir de ces données en fonction de leurs besoins du moment.
Les secteurs
Les secteurs sont désignés par des lettres
Sur le secteur du fort de Vaux toutes les lettres sont utilisées (sauf lettre G)
Certains secteurs sont subdivisés (par indications d'un numéro, lettre ou '").
Ces lettres indicées correspondent généralement à des extémités et points de connexion de tranchées.
Il y a une équivalence des ces lettres avec certains repères (à 3 chiffres) de points remarquables vus plus haut.
L'indication de ces secteurs ou sous-secteurs délivrent des indications de positionnement, de tranchées ( R-H²)
On rencontre abondamment ces indications dans les JMO.
Le réseau complexe des tranchées du Bois Fumin est expliqué dans la catégorie : "080 les tranchées du bois Fumin" du blog.
Canevas de tir du Bois Fumin
Les canevas de tir et cartes sont classés chronologiquement.
29 février 1916
( source : avec autorisation du propriétaire allemand de cette carte légendée par un officier)
3 mars 1916 (extrait JMO 170e RI)
24 mars 1916 ( extrait JMO 60 BCP)
2 avril 1916
26 avril - 19 mai 1916 (JMO 28 ème Brigade = 35 RI + 42 RI)
22 mai 1916
3 juin 1916
3 juin 1916
12 juin 1916
12 juin 1916
10 septembre 1916
17 septembre (JMO 128 RI)
octobre 1916
27 octobre 1916 (JMO 305 RI)
octobre 16 - JMO 401 RI - extrait de carte
24 octobre 1916 (jmo 230 RI)
3 novembre 1916
21 novembre 1917 - Canevas de tir Bezonvaux
Extrait d'une reproduction de carte allemande de 1916
Carte allemande des années 20 - comparatif de la ligne de front mai / octobre 1916
Le bois Fumin en relief
RETRANCHEMENT R1 EN TRAVAUX
Ancien plan en relief ( Historial de Fleury)
Le "Glacis" de Vaux est une pente légère qui descend du Fort de Vaux (visible en haut à droite devant les arbres) vers le village de Vaux-devant-Damloup.
(source : avec l'autorisation de Marcus Massing - site Verdunschlacht.net)
La pente douce depuis le fort de Vaux jusqu'au village de Vaux
Coupe Nord-Sud de la croupe du bois Fumin
Il y a 75 mètres entre le niveau de l'étang et le point le plus haut de la croupe du bois Fumin, qui est aussi l'altitude du Fort de Vaux)
(Altitude étang : 270 m - Altitude point haut de la croupe : 345 m)
EN COURS DE REALISATION
( Retranchements - tranchées - boyaux - stollens - Abri du projecteur - troncs d'arbres déchiquetés - étang - Village de Vaux - cratères d'obus etc.)
Le relief du bois Fumin a été réalisé à partir des courbes de niveau du canevas de tir au 1/5000 ème (1cm =50m) du 12 juin 1916.
Ce tracé en 3D a été rendu possible en "calquant" chaque courbe de niveau une par une, procédé permettant de respecter scrupuleusement pour chaque point du bois Fumin, sa hauteur et position.
Chaque courbe de niveau varie d'une hauteur de 5 mètres avec la suivante.
Stollens
Les Stollens sont des galeries, (sappes) creusées par les Pionniers allemands jusqu'en octobre 1916 dans le bois Fumin.
Ils sont construits sur plusieurs longues rangées le long de la pente ouest du ravin Fumin et sur plusieurs niveaux.
Les galeries se trouvent profondément sous le rocher (longueur de chaque galeries variant entre 3 à 10 mètres) et offrent aux troupes d'infanterie, aux pionniers, aux état-majors et aux blessés une protection relativement bonne.
La répartition et l'attribution des stollens sont très classifiées
1 - stollens destinées aux Pionniers
2 - stollens destinés aux troupes de réserves (infanterie) en attente d'attaque
3 - stollens destinées aux munitions.
En général, chaque galerie communique avec l'extérieur par 2 entrées, pour des raisons évidentes d'évacuation au cas où l'une des entrées serait obturée. Environ une 40taine d'ouvertures de stollens fut réalisée sur la pente Ouest du ravin.
Une fois creusées, les galeries sont "tapissées" de coffrages "préfabriqués", en madriers de bois, aux dimensions pré établies :
- 80/120 cm pour les accès extérieurs et communications intérieures
- 120/180 cm pour les lieux de séjour.
Film sur le montage du coffrage préfabriqué de Stollen allemand.
Les entrée des stollens sont symbolisées par des petits traits bleus sur les canevas de tir.
Indiquées par des flèches : quelques unes des très nombreuses entrées des stollens.
Pour bien visualiser le nombre d'entrées de stollens, chaque zone plus claire visible sur la photographie suivante correspond aux déblais extraits des galeries lors de leur creusement par les Pionniers.
Soldats allemands s'affairant devant les entrées des stollens du ravin.
(légende au dos de la photo ci dessus)
Notez sur la photo ci dessous, au premier plan, les gaines servant soit à évacuer la fumée des poêles, soit à ventiler les galeries plus profondes.
Face à DV4,on distingue nettement l'entrée de stollens
(source : avec l'autorisation de Marcus Massing - site verdunschlacht.net)
Ravin du bois Fumin
Dimension : environ 300 mètres de long.
Orientation : Nord/Sud
au Sud : Le col du ravin
au Nord : l'ouverture évasée vers la vallée de Vaux
A la vue de la position des tranchées, des galeries (stollens), des retranchements, de l'exposition au feu ennemi et des descriptions faites dans les JMO, on peut considérer que ce ravin est composé de 3 parties :
1 - le creux du ravin en lui même avec au Sud le Col du ravin
2 - la pente Ouest (côté croupe/DV3) avec les nombreux stollens + retranchement R2
3 - la pente Est (côté DV4) avec un peu plus à droite d'autres nombreuses tranchées (et boyaix) occupant le glacis descendant vers Vaux en avant de R1.
1 - Le creux du ravin Fumin
vue vers le Nord/village de Vaux
Blick auf das dorf vaux
Vue sur le village de vaux
(source : collection personnelle)
vue vers le Sud et le col du ravin
Sur la droite : la tranchée qui longe le ravin sur la pente Ouest.
Cette tranchée est encore présente et bien visible de nos jours.
le début du col du ravin (un peu plus à droite)
2 - La pente Ouest
- Photo allemande de petit format datant de juillet 1916
prise depuis DV4 en direction de DV3
- photo allemande 1916 en double exemplaire (vue prise depuis DV4 vers DV3)
au premier plan : Français comme Allemands éliminaient de nombreux détritus en le jettant simplement devant leur abri, constituant ainsi une sorte de "décharge" devant DV4 : boites de conserves, tissus, ferrailles etc.
Le Capitaine Charles Delvert dans ses carnets "Nuit de mai" évoque en juin 1916 cet amas de détritus (à l'époque détritus français) :
" A droite, à gauche, le sol est jonché de débris sans nom. Boites de conserves vides, sacs éventrés, casques troués, fusils brisés, éclabousés de sang ..."
(p 261 jeudi 1er juin 1916 Carnets d'un fantassin - Charles Delvert - édition 1935 Albin Michel)
au second plan : sur les pentes Ouest du ravin on distingue les entrées (une 40taine) des très nombreux "Stollens" = galeries/abris souterrains creusés par les allemands à flanc de pente.
à l'arrière plan : la croupe du bois Fumin avec les restes de troncs d'arbres déchiquetés et calcinés. Sur la droite le relief de DV3 (U.raum ou U werk)
Verdun 1916
Blick vom J.werk zum U.werk über Sturmausgangstellung
Verdun 1916
Vue depuis le J. werk vers le U. werk au dessus de la base de départ de l'attaque.
(traduction Peter Sauter)
Cette photo existe en double exemplaire, avec une autre légende.
Vom J. werk aus die bereitshaht
mit U werk
b. Verdun
Vue depuis le I- Werk sur les positions d'attente
avec l'ouvrage U-Werk
sous Verdun
(traduction Peter Sauter)
Vue sur la pente Ouest en direction de Vaux
(source : collection personnelle)
vue sur la pente Ouest en direction du col, avec les stollens et la tranchée longeant le ravin (tranchée encore existante)
(source : 21 Régt Jnf J.L. Kaluzko)
- Petite photo allemande
Entrées des stollens face à DV4
(source : collection personnelle)
- Vue depuis le col du ravin / DV4
On distingue très nettement l'entrée des stollens sur la pente Ouest du ravin
Devant DV4 : les amas de déchets
la légende " Formienen schlucht v. J Werk b. Verdun"
signification de "Formienen" : 2 possibilités :
1 -en allemand le mot "mienen" = la mine, l'allure, l'aspect. Formiennenschlucht = l'allure du col
2 - Formienen = déformation phonétique du nom Fumin et retranscrit tel quel, comme cela se pratiquait par les soldats allemands avec une légère déformation . Fumin se prononçait Foumin en allemand et cela serait devenu Formiene
(source : Philippe Vandeweege)
3 - La pente Est
Photo française de 1917 prise depuis le col du ravin Fumin
Dans le fond : la croupe d'Hardaumont et sur la droite le ravin des Grands Houyers.
Sur la droite : le PC MURAT = DV4, il y avait plusieurs PC dans le secteur qui portaient les noms de maréchaux Napoléoniens.
MASSENA
DUPRAT
Cette photo existe en 2 exemplaires identiques où elles furent retrouvées dans un album de 1917.
L'une est légendée PC Murat - Ravin de Fumin
l'autre est légendée Ravin de Fumin et PC Duprat
le PC Duprat est visible au loin, au fond du ravin des Grands Houyers
Photographie du ravin du bois Fumin nous montrant la pente Est du ravin.
C'est aussi une très rare vue du retranchement R2 au premier plan.
Le R2 n'était en fait qu'une levée de terre bordée par un réseau très intriqué de fil de fer barbelés.
Notez les grands piquets de fer toujours présents.
(source : collection personnelle)
Photographie suivante : le ravin et sa pente Est, vus depuis les tranchées du ravin de Bazil.
Notez l'angle droit très visible que fait la tr. de Sérajévo avec le boyau de Banat.
La tranchée de Sérajévo visible sur cette photographie dans sa partie descendante est grosso modo sur le trajet du chemin actuel du sentier qui mène de la Vaux régnier (passant près de R1) vers l'étang de Vaux.
Croupe du bois Fumin
La croupe du bois Fumin fait environ 1km carré.
Elle culmine à 345 mètres et son point le plus haut se trouve à 75 mètres au dessus de l'étang de Vaux.
Le nom allemand désignant la croupe est "Rücken".
(photographie tirée de l'Historique de la 21 Réserve Division allemande)
( source image : Jean Luc Kaluzko)
Photo allemande prise depuis "le haut" de DV3 en direction du fort de Vaux (que l'on distingue).
Sur la droite une grande souche d'arbre (que l'on retrouve sur d'autres photos), au milieu on aperçoit le fer d'un talon de botte allemande.
Höhe hinter dem U werk B. verdun
traduction : Sur le haut derrière U werk près de Verdun
La photographie suivante est prise légèrement sur la droite de la précédente, on y retrouve encore la grande souche d'arbre et le talon de la botte.
Notez les vestiges de la forêt qui recouvrait autrefois le bois Fumin. Ne subsistent plus que des troncs coupés à 1m - 1,50 m de haut, déchiquetés et calcinés.
DV3 au moment de sa construction était en position cachée en lisière de forêt. On distingue sur la photographie l'ancienne lisière de la forêt (pas de souche ni de tronc d'arbre sur la droite).
Plaque verre stéréoscopique
Dans le sud de la croupe du bois Fumin se trouvait une zone de défense allemande importante, appelée "RIEGEL STELLUNG " = position verrou (en rouge). Elle verrouillait le sud de la croupe entre le Ravin des Fontaines et le col du ravin Fumin. Cette position bien défendue fut déterminante pour retarder l'avancée française lors des combats du 24 au 2 novembre 1916 pour la reprise du fort de Vaux
Le Riegel stellung est composée des tranchées de Gotha - Hanau - Siegen, positions fortes avec de nombreux noeuds de communications, des galeries "stollens" et positions nettement renforcées : rectangle hachuré J sur la carte.
juillet 1916
Comme le montre la photographie aérienne suivante, à la date du 20 Mai, peu de temps avant la prise de Fumin par les Allemands (début juin), l'important réseau de tranchées Riegel stellung, sur la croupe du bois Fumin, n'existe pas encore du temps de la présence française, seule une amorce de la tr. de Viala est visible.
20 mai 1916
Deux photos qui pourraient avoir été prises sur la croupe du bois Fumin,
elles sont légendées " POINT 512 1916 "
Rappelons que U512 est la dénomination de DV3 sur les cartes allemandes.