Une carte du bois Fumin passée à la loupe
Redessinons étape par étape la carte du bois Fumin.
Le ravin des Fontaines - l'étang de Vaux - la route de l'étang vers le village - Vaux-devant-Damloup - chemin de la Vaux-Régnier
Le Ravin des abris (en haut du nez de Souville) - les carrières - le Ravin du bois Fumin
Les retranchements R3 - R2 - R1
Les abris de combats DV3 et DV4
Les zones boisées
Le bois Fumin, comme son nom l'indique, était une zone boisée jusqu'en 1915 et bien qu'à partir de 1916 les seules traces de forêts subsistantes n'étaient guère constituées que par des centaines de troncs déchiquetés et calcinés jonchant un paysage lunaire, les canevas de tir, calqués sur d'anciennes matrices d'avant guerre, indiquaient encore en 1916 les zones anciennement boisées.
Un déboisé militaire, permettant une jonction visuelle entre les forts de Vaux-Souville et Vaux-Douaumont, à mis à nue toute la partie Nord-Est du bois Fumin.
Dans le ravin, le versant Est et le haut du col restent boisés.
Les abris de combats ( DV3 et DV4) sont en lisière de forêt, sous couvert d'arbres et sont donc masqués d'un repérage ennemi trop aisé.
Les 3 retranchements R1 - R2 - R3 sont à découvert.
5 sentiers et chemins (en rouge) traversent le bois Fumin :
1 - accès depuis le ravin des Fontaines (source /réservoir) vers la lisière de la croupe du bois Fumin
2 - chemin sous couvert d'arbres, dans le prolongement du ravin des abris, il permet le passage du ravin des Fontaines vers le sentier de la vaux-Régnier et les carrières.
3 - accès sous couvert d'arbres vers DV3 et la lisière de la zone boisée, depuis le ravin des abris.
4 -chemin permettant l'accès à R2 et R3 ainsi qu'à la partie Ouest du village.
5 - "le chemin creux" accès vers R1 / DV4 et le centre du village.
Certaines futures tranchées ou boyaux suivront par la suite, lors de leur construction, les contours de ces chemins.
Quelques autres éléments pour compléter la carte :
Le ruisseau de vaux
La digue de l'étang
L'abri du projecteur
Les 2 batiments du réservoir/source
Le poste de secours - stollens devant l'étang
Le retranchement 4497
Les stollens creusés dans sur le versant Ouest du ravin Fumin face à DV4
En bordure Sud du bois Fumin se trouve :
la Batterie 4090
la Batterie 4691
le PC Fumin
les abris du "ravin des abris"
Film : reconstitution du canevas de tir du bois Fumin
Les repères Hectométriques
Sur les canevas de tir sont reportées les positions d'objectifs potentiels indiquées par des repères hectométriques.
Ces repères avaient pour finalité de :
- se positionner
- régler un tir sur un point ou par rapport à un point.
Pour les artilleurs, les coordonnées hectométriques correspondaient à des réglages de pièces.
Un repère hectométrique est un nombre à 4 chiffres : 4423
Sur un canevas de tir il est donc possible de baptiser n'importe quel point en utilisant les numérotations en abcisse (axe horizontal) et en ordonnée (axe vertical). Ce sont les coordonnées métriques.
(c'est comme à la bataille navale ou dans les mots croisés : chaque point à une "adresse géographique" qui est déterminée par l'intersection de la projection verticale d'une position depuis un axe horizontal (7) et de la projection horizontale d'une position depuis un axe vertical (2).
Pour ce faire, les canevas de tir sont équipés d'un quadrillage (Lambert pour la France en 1914/1918)
En bordure de canevas sont indiqués les références du quadrillage 272 - 336
Les chiffres des centaines ne sont pas indiqués sur le reste du quadrillage.
Par défaut 32 - 33 - 34 - 35 signifient 332 - 333 - 334 - 335
idem 69 - 70 - 71 signifient 269 - 270 - 271
Chaque cadre représente 1000 m x 1000 m de côté = 1km²
Il peut être lui même re-subdivisé en 10 x 10 petits cadres ( 100 m x 100 m de côté) (qui donnera une position encore plus précise d'un point dans le grand cadre = chiffre après la virgule)
Un point aura donc en coordonnées métriques 2 valeurs pour le repérer :
une abcisse (axe horizontal) 334,2 et une ordonnée (axe vertical) 269,6
Pour ne pas surcharger les canevas et par soucis de simplification, les coordonnées "métriques" sont transformées en coordonnées "hectométriques" ( hecto =multiple de 100) , ainsi seuls les deux derniers chiffres seront indiqués.
334,2 269,6 (métrique)
42 96 (hectométrique)
En observant bien les valeurs hectométriques dans un même cadre, plus on va vers la droite plus le dernier chiffre se rapproche de 9 et plus on va vers le haut du cadre plus ce chiffre se rapproche aussi de 9.
La superficie entière du bois Fumin s'intègre dans 2 cadres.
abcisse : 333 - 334 - 335
ordonnées : 269 - 270
Film : Les repères hectométriques de DV3 = 4296 et DV4 = 4595
Les repères à 3 chiffres
(d'après les aimables explications de Guy François / Forum Pages 14-18)
Un certain nombre de repères à 3 chiffres sont présents sur le canevas
Il s'agit de séries de nombres qui généralement se suivent sur quelques unités.
Ces chiffres sont le résultat des restitutions des points remarquables réalisées par le Groupe de Canevas de Tir qui opère à partir de relevés d'observatoires, de photographies aériennes, renseignements divers, etc.
L'observateur découvre une nouvelle tranchée, il le signale et c'est le Groupe des Canevas de Tir qui lui attribue un numéro.
"Manuel de l'Officier Orienteur d'Artillerie", édition février 1917
"Cours des Officiers Orienteurs de l'Artillerie", édition de novembre 1916
Un "point remarquable" pouvait être :
- une extrémité de tranchée
- un noeud/croisement de tranchées
- un simple changement de direction d'un tranchée
- une tranchée complète
Les tranchées nouvelles ou les points remarquables reçoivent des numéros figurant sur des documents spéciaux établis par les Groupe de Canevas de Tir = les REPERTOIRES (répertoires des batteries, répertoires des tranchées, des travaux de l'ennemi, etc.)
La logique de la numérotation n'est pas connue mais il est probable que des tranches de numéros sont réservées pour un secteur donné, peut-être un carré du quadrillage.
Série de chiffres continus attribué à une zone
Cette logique du choix des numéros est surtout dictée par la chronologie des restitutions et des modifications incessantes apportées au canevas, surtout dans des "zones agitées" comme Verdun!
Ainsi on trouvera des séries de chiffres "éloignés" pour des "zones proches".
Pour l'artillerie, ce sont les officiers orienteurs, commandants de batterie qui sont destinataires des documents répertoires qui fournissent la clé explicative de ces numéros.
Ces répertoires fournissent les données topographiques et "historiques" du point remarquable.
Données topographiques : ce sont les repères hectométriques permettant de régler les pièces d'artillerie + dans des documents annexes des études sur les coupes de terrain, croquis panoramiques, croquis perspectifs, schémas des parties vues et cachées
Données historiques : tels que :
- emplacement de batterie construit le...
- emplacement occupé du...au...
- emplacement actif les... et ...
- emplacement inoccupé depuis le...
etc.
Pour une tranchée, les renseignements seront succincts : "Creusée le ..., travaux en cours le..."
Aux utilisateurs, orienteurs d'artillerie et de groupe de se servir de ces données en fonction de leurs besoins du moment.
Les secteurs
Les secteurs sont désignés par des lettres
Sur le secteur du fort de Vaux toutes les lettres sont utilisées (sauf lettre G)
Certains secteurs sont subdivisés (par indications d'un numéro, lettre ou '").
Ces lettres indicées correspondent généralement à des extémités et points de connexion de tranchées.
Il y a une équivalence des ces lettres avec certains repères (à 3 chiffres) de points remarquables vus plus haut.
L'indication de ces secteurs ou sous-secteurs délivrent des indications de positionnement, de tranchées ( R-H²)
On rencontre abondamment ces indications dans les JMO.
Le réseau complexe des tranchées du Bois Fumin est expliqué dans la catégorie : "080 les tranchées du bois Fumin" du blog.